Tripodes-Charpentes est une série de sculptures qui s’apparentent aux abris primitifs : trièdre minimal lié au sommet. Ce travail est nourri de la mémoire des cabanes, qu’enfant, je bâtissais en perches de bois et fagots noués d’osier jaune, et que je redécouvrais plus tard dans la forme du tipi amériendien. Le rapport entre sa fonction d’abris et l’économie de moyen rejoint une des préoccupations fondatrices de ma démarche.
Le noeud névralgique du tripode se situe à la liaison de ses trois poteaux, à un endroit où se concentre l’énergie. Ce point de fixation visible est pensé comme une forme de célébration du lien. Il renvoie à cette nécessité d’économie de moyen : les trois axes sont moisés et fixés par trois chevilles, technique ancestrale qu’utilisa en son temps Gerrit Rietveld.
Quant je mets en œuvre des tripodes à partir de poutrelles métalliques, la liaison se fait alors par boulonnage classique, mais une rondelle intercalée maintient une distance entre les éléments. Cet espace produit se vit comme faille laissant passer air et lumière. Je conçois cet espace tel un lieu de poésie.
M.L.