Il y a des poteries qui ne seront jamais que vile vaisselle et d’autres, par les mains d’un potier paysan, chargées de noblesse.
En 1954, j’ai 20 ans, je quitte ma petite ville rurale du Berry pour intégrer l’école des Beaux-arts de Bourges. Entre la sculpture et la peinture je choisis une troisième voie qui semblait le plus répondre à mon désir de création, la céramique.
La motivation première, c’est le plaisir de faire, faire naître une forme à partir d’une masse informe. C’est à la fois un corps à corps et une étreinte avec la matière terre. Plaisir sensuel de travailler l’argile dont je sentais, sous mes doigts, vibrer les grains de sable. De la rudesse du matériau, paradoxalement naissait le raffinement.
Mais je place avant tout le faire au service de la forme. C’est la quête de la forme qui me met en mouvement, et qui s’appuie initialement sur l’observation d’objets usuels, les objets du quotidien de mon enfance présent à table et au cellier, des objets utiles, des objets dont la simplicité m’a apporté mes premiers repères esthétiques.