Pièces de mobilier rural, les barrières étaient le plus souvent construites par le paysan lui-même en bois de haies ou de charpente (chevrons, liteaux). Si elles sortaient de l’atelier d’un charron, elles bénéficiaient d’une finition en peinture « bleu charron ». Leur présence dans le paysage m’imprégna profondément, et leur disparition brutale par l’effet des différents remembrements impulsa la série Barrière.
L’utilisation de systèmes tramés est un principe récurent dans mon travail.
Pour cette série des Barrières, j’utilise un modèle
De trame qui se réfère directement à la typologie précise de la barrière berrichonne : sept barres horizontales fixées en alterne à deux montants verticaux, le tout formant un carré.
Chacun des neuf éléments constitutif de la composition reçoit la couleur qui lui est assignée: bleu, rouge ou jaune. La perspective devient alors une variable dans laquelle la série se développe. Lorsque par exemple elle déforme les carrés en parallélogrammes, ce qui était horizontal devient oblique, tout en restant parallèle. Dans le même temps, certains éléments peuvent être retirés de la trame jouant d’un rythme interrompu, du silence de leur absence.
En résultent des objets libérés de leur sujet/modèle au profit d’un langage de signe, l’aspect descriptif disparaît pour ne laisser place qu’à l’essence de la forme tel qu’ils se voient dans les variations de Mondrian sur l’arbre.
M.L.